La Danse des Falaises

 

 

« La danse des falaises » une œuvre de poésie sonore écrite.

Dans ce texte aux accents de confession, il témoignera de son expérience ambivalente de l’écriture, en dialogue avec le symbole de pouvoir que représente, à ses yeux, le Château de Champs-sur-Marne. Il écrira, décrira, déclamera une vision vibrante, qui touche, émeut, étonne, parfois bouscule aussi. Performant sur la terrasse du château, Marin Fouqué nous transmettra sa vision des « Mondes nouveaux », en mêlant rap, littérature et musique live. Sa performance sera traduite en langue des signes française. Texte « La danse des falaises » Un corps face au vide. C’est un homme dans la foule. Une foule hurle en délire. C’est un homme providentiel. Un homme dans un costard providentiel grimpe les marches d’un palais. C’est son discours d’investiture. Une fontaine attend derrière la foule, comme un présage. C’est Scylla se faisant bouffer la tronche par mille crocs.  Disons que l’homme providentiel va ouvrir la bouche. Disons qu’il va prendre la parole. Disons qu’il est censé faire une énième promesse neuve sur un monde nouveau à venir. C’est le silence qui s’impose. Mais, supposons, supposons juste un instant ; qu’il doute. Supposons qu’il hésite. Supputons, même, qu’il bafouille. Il ne trouve plus les mots. Dans l’air, il sent la fin proche, le vent tourner. Il aimerait pouvoir l’avaler une fois de plus pour le recracher dans son sens, son sens providentiel, mais il y a ce truc dans sa bouche, ce truc qui tangue et le gène, ce gout amer aux parois et ses lèvres qui s’emmêlent en des nœuds interdits et sa langue qui s’enroule en un râle infini et voilà qu’elle lui échappe de sa gueule, sa langue, pour débouler en cascade dans le vide. C’est la danse des falaises.

Marin Fouqué

Né en 1991, Marin Fouqué est diplômé de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris-Cergy. Ancien manutentionnaire, il vit aujourd’hui en Seine-Saint-Denis, anime des ateliers d’écriture, écrit des romans, de la poésie, du rap, des nouvelles, et compose sur scène des performances mêlant prose, chant et musique. En 2019, le Seine-et-Marnais a publié chez Actes Sud 77, premier roman qui lui a valu le Prix Écrivain de la Fondation Lagardère. En 2021, il a publié chez le même éditeur G.A.V, son deuxième roman, récompensé du Prix Alain Spiess. « Enfant, je grandis entre bitume et boue, entre silence et vide, dans un petit village de Seine-et-Marne. En 2010, je rentre aux Beaux-Arts de Cergy et y découvre la sculpture, la vidéo et l’installation sonore. En 2015, je présente un parcours de performance lors de mon D.N.S.E.P., que je décroche avec les félicitations du jury. Amoureux de rap et de chanson française, j’écris de la poésie. Je me rends rapidement compte du peu de personnes lisant de la poésie contemporaine. Pour trouver un public, je me mets donc à la dire. Les premières oreilles sont celles que je trouve : dans de la rue, dans les bars et les concerts punk. Pour être honnête, le public n’y est pas forcément réceptif. Pour être encore plus honnête, j’écris trop mal, trop lourd, trop littéraire, pas musical. Petit à petit, j’écoute mes phrases. Mon écriture mute. Il faut que ça sonne. Que ça frappe. Et résonne. »