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LORIS GRÉAUD — /DɅV/ DOMAINE DE FRAPOTEL UNE OEUVRE PÉRENNE POUR LE DOMAINE DE FRAPOTEL GAËLLE LAURIOT-PRÉVOST & DOMINIQUE PERRAULT
Dessinée par Jean Dubuisson à partir de 1966, la Villa Weil, au coeur du Domaine de Frapotel, compte parmi les témoignages les plus significatifs de l’architecture française de la seconde moitié du 20ème siècle. Loris Gréaud y propose l’installation d’une oeuvre pérenne intitulée /dʌv/.
Dans l’appendice invisible à l’horizon de l’ensemble architectural ramené à la vie ces trois dernières années par ses nouveaux propriétaires — l’architecte Dominique Perrault et l’architecte d’intérieur et designer Gaëlle Lauriot-Prévost — une cellule isolée accueille un monument sous-terrain. Le monument d’un anthropocène. On y pénètre par une porte dérobée, et dans la pénombre se dessine une sépulture : une dalle funéraire en basalte qui laisse entrevoir en deçà une colombe naturalisée qui y repose.
L’histoire de la terre et l’histoire de l’espèce humaine ont aujourd’hui convergé. Cette collision de deux histoires marque une véritable rupture dans la relation qui unit les hommes à la terre. Pour la première fois, ce sont en effet ses habitants qui sont les principaux moteurs des changements qui l’affectent. Les désordres générés par les effets de l’activité humaine ont des conséquences multiples : climat, sécurité alimentaire, accès aux ressources vitales, migrations forcées et soudaines, précarité énergétique… Les cinq dernières années en particulier ont contribué à l’accélération de l’accélération précipitant notre monde dans le chaos.
À la lumière de ce bouleversement géologique et social, la mise en bière d’une colombe — un symbole universel de paix et d’apaisement — son espace de recueillement, la tombe pour son repos éternel, deviendraient immanquablement le site d’un moment ultra-contemporain. Une approche non pas pessimiste, ni triste, mais au contraire poétique et objective des hommes qui se regardent à l’heure de l’anthropocène.
Il est ainsi possible de s’y recueillir, d’écouter les astres entrer en résonance… rêver, dériver et entrevoir d’autres possibles.
« NOUS AVIONS, L’UN ET L’AUTRE, LE DÉSIR D’OUVRIR LE DOMAINE DE FRAPOTEL, ÉCLATANT TÉMOIGNAGE DE L’ARCHITECTURE MODERNE, À LA CRÉATION CONTEMPORAINE. ‘MONDES NOUVEAUX’ A PERMIS LA RENCONTRE ENTRE LA RADICALITÉ DE CET ENDROIT ET LA PUISSANCE DE L’OEUVRE DE LORIS GRÉAUD DONT NOUS APPRÉCIONS, DEPUIS LONGTEMPS, L’ENGAGEMENT. » Gaëlle Lauriot Prévost & Dominique Perrault.
À PROPOS DE LA BANDE-SON ORIGINALE — ORION, SOUNDTRACK FOR AN UNDERGROUND MONUMENT —
Orion est une constellation immédiatement reconnaissable par sa forme très caractéristique. Ses sept étoiles les plus brillantes dessinent une sorte de noeud-papillon — mais la plupart y voient aussi un sablier dans lequel s’écoule le temps. Orion c’est la collision de deux formes indépendantes : un rectangle formé par 4 étoiles, traversé par l’alignement de trois autres — celles que l’on appelle la ceinture d’Orion. On dit de ces trois astres en ligne parfaite qu’ils sont les « trois rois », les « trois mages ». Visible depuis les deux hémisphères, Orion a toujours fasciné les artistes et les créateurs : Philippe Glass, Le Corbusier…
Alors qu’il étudiait et développait l’oeuvre /dʌv/, Loris Gréaud s’est attardé sur cette image du trio céleste, les trois astres. En effet, depuis des millénaires, nous percevons la lumière d’étoiles qui sont pourtant déjà éteintes, « refroidies ». L’archétype par excellence de la survivance, du fantôme.Pour l’oeuvre /dʌv/, imaginée par Loris Gréaud et rendu possible par Gaëlle Lauriot-Prevost et Dominique Perrault, l’idée s’est naturellement imposée à l’artiste : tenter de modéliser dans son studio d’enregistrement l’enveloppe sonore de chacun de ces astres. Trois esprits, trois visions.
L’oeuvre prend la forme d’un enregistrement sonore de 6:05 min, pendant lesquelles, l’artiste en temps réel, tente d’harmoniser les fréquences de ces corps afin d’obtenir une résonance singulière. Un alignement d’étoiles providentiel… une bande-son originale pour un monument souterrain — le repos éternel d’un symbole universel.