« Où sont vos morts ? », c’est la question posée par la romancière Hélène Frappat à des habitantes de la ville de Saint-Denis. Elle en a tiré un récit lumineux, présenté à la Basilique de Saint-Denis.

20220929_Necropole_073_original.jpg

Véritable machine à inventer des possibles, « Mondes Nouveaux », le programme lancé par le ministère de la Culture, n’en finit pas de bousculer tous les codes, et c’est tant mieux. Dernier exemple en date, « Ville haute, ville basse », la création d’Hélène Frappat, romancière, essayiste, traductrice, critique de cinéma, emprunte à de nombreuses disciplines, la littérature et la scénographie, l’histoire et la sociologie, bien d’autres encore, sans qu’on puisse déceler la prééminence de l’une sur les autres. Son projet ne pourrait-il pas plutôt se résumer à une simple question posée à des habitantes de la ville de Saint-Denis, ses semblables, ses sœurs : « Où sont vos morts ? »

Avec la Basilique cathédrale de Saint-Denis comme « chambre d'écho » (sa crypte n’abrite-t-elle pas la nécropole des rois de France ?), la romancière a d’abord entrepris de faire « accoucher » ces femmes de l’un des récits les plus intimes qui soient, la place de leurs morts, puis d’en tirer un récit passionnant, qui restitue à ces témoignages anonymes un corps, une voix, une humanité. Un « récit » – elle insiste sur le mot – où tout est véridique et rien n’est « morbide ». « J’étais là pour tendre l’oreille au maximum et arriver à ce que chaque récit soit le récit d’une vie. Car quand vous interrogez sur la mort, c’est la vie bien sûr que vous entendez », assure Hélène Frappat. L’unique représentation de cette performance inédite et lumineuse avec six récitantes, une chanteuse, un musicien et un organiste a eu lieu le 29 septembre en la Basilique cathédrale de Saint-Denis. Elle va se prolonger le 7 novembre à la Fondation Ricard. Entretien avec Hélène Frappat.

 

Lire la suite de l'article