MONUMENT AUX VIVANT·E·S

À l’occasion de la Journée nationale de la mémoire de l’esclave le 10 mai 2022, le Palais de la Porte Dorée a présenté Monument aux Vivant·e·s – CHOC, premier volet d’un projet artistique au long cours imaginé par Gaëlle Choisne. À travers une cérémonie – performance, Gaëlle Choisne aborde l’impact psychologique et émotionnel de la colonisation sur les descendant·e·s d’esclaves — dont elle fait partie. 

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Plusieurs générations d’hommes et femmes devenu·e·s esclaves ont été transportées, marchandées, humiliées et mutilées, maltraitées, tuées sans sépulture et sont mortes sans nom. Comment en faire le deuil ? S’inspirant du modèle Kübler-Ross – qui théorise le concept de deuil comme une série de phases supposées mener à son acceptation –, Gaëlle Choisne déploie au sein du Palais de la Porte Dorée, ancien Palais des colonies édifié pour l’Exposition coloniale de 1931, une série de gestes, d’œuvres et de moments comme autant d’étapes destinées à la construction d’un Monument aux vivant·e·s – parmi lesquels une œuvre sculpturale qui sera installée, en 2023, au sein du parcours d’exposition permanent du musée. L’ancien Palais des Colonies porte en lui une histoire douloureuse et conflictuelle qu’il s’agit de mettre en lumière afin de questionner et de proposer quelques pistes afin de tenter d’honorer nos ancêtres.

CHOC – prend à bras-le-corps le processus historique traumatisant de la Traite et de l’esclavage. Depuis 2006, la France a choisi la date du 10 mai pour commémorer la mémoire de ces crimes contre l’humanité ainsi que de leur abolition. Cette année, en ce jour de deuil, Gaëlle Choisne scénographie l’espace du Forum du Palais pour convier le public à une soirée de communion et de méditation contemplative jouée et chantée, dans un geste sculptural minimal. Accompagnant naturellement le deuil dès ses prémisses, le chant, la musique et la psalmodie transmutent les énergies du choc en moments collectifs de partage et de solidarité.

 

 

Avec : • Maré Mananga, chorale afroféministe amateure qui expire les répertoires de la diaspora afro. • Christelle Oyiri aka Crystallmess, DJ, productrice, écrivaine et artiste, soucieuse de mettre en lumière les sub-cultures passées et présentes. • Sophye Soliveau, chanteuse et harpiste nourrie aux musiques afroaméricaines depuis l’enfance, membre du collectif de musiciens Seksion Maloya (trad.réunionnais) et d’Àbájade (groupe d’afrojazz aux influences cubaines) au chant lead, choeurs et percussions. Elle dirige aussi plusieurs ensembles vocaux (Maré Mananga, Oshun et l’Atelier chorale). • Et les choristes Kelly Carpaye, Eden Tinto Collins, Joseph Decange, Frieda, et Pierre Et La Rose.

GAËLLE CHOISNE

Gaelle Choisne (1985, FR) vit et travaille entre Paris et Berlin. Sensible aux enjeux contemporains la pratique de Gaëlle Choisne rend compte de la complexité du monde, de son désordre politique et culturel, qu’il s’agisse de la surexploitation de la nature, de ses ressources ou des vestiges de l’histoire coloniale, où se mêlent traditions ésotériques créoles, mythes et cultures populaires. Ses projets sont conçus comme des écosystèmes de partage et de collaboration, des poches de « résistance » où se créent de nouveaux possibles, notamment avec le projet Temple of Love. Initié à partir de l’essai inédit sur l’amour de Roland Barthes, Fragments d’un discours amoureux (1977), Gaëlle Choisne ajoute au concept d’amour une dimension politique en rendant hommage aux corps invisibilisés, aux âmes minoritaires et fragilisées ainsi qu’aux coeurs dépossédés. Temple of love est un projet évolutif se définissant au travers de ses modes d’apparition et de sa genèse en fonction de ses invitations et de sa localisation. Les oeuvres/installations de Gaëlle Choisne ont été exposées dans de nombreuses institutions telles que : Centrale Powerhouse (Montreal), CAFA Museum (Pékin), Pera Museum (Istanbul), MAM - Musée d’art moderne de Paris, Musée Fabre (Montpellier), Zacheta Gallery (Varsovie), The Mistake Room (Los Angeles), Bétonsalon (Paris), Gr_und project space (Berlin), MAMO - Centre d’art de la Cité radieuse de Marseille, Centre d’art contemporain La Halle des bouchers (Vienne), Musée archéologique Henri-Prade (Lattes), Musée des Beaux-Arts de Lyon et dans l’exposition Les moyens du bord, La Villette x Centre Pompidou, Paris, France, 2020 etc. Elle a également participé à de nombreuses biennales et triennales : 5e Triennale du New Museum (2021), 13e Biennale internationale de Lyon (2015), 12e Biennale de La Havane (2015), 13e Biennale de Sharjah (2017) et 14e Biennale de Curitiba (2017). Elle a fait partie de nombreux programmes de résidence en France et à l’international tels que le Bethanian-KW (Berlin), la Rijksakademie (Amsterdam), l’Atelier Van Lieshout (Rotterdam), la Cité Internationale des Arts de Paris et OPTICA & Art3 Valence (Montréal). En 2021, elle est lauréate du prix Aware. En 2019, elle est nominée pour le prix de la Fondation Ricard et le Sam Art Project. Gaëlle Choisne est représentée par les galeries Air de Paris, Romainville (FR) et Nicoletti Contemporary, Londres (UK).