“Transchrones” est une série de performances contextuelles autour d’une machine-matrice. Ventriloque et irradiante, elle amplifie les textes de l’écrivain Alain Damasio et les visuels de l’artiste Thomas Teurlai. Avec Mondes Nouveaux, ils faisaient étape en septembre aux Salins des Pesquiers, à Hyères.
On a coutume de dire que “la pensée se fait dans la bouche”. Du moins, si l’on suit une généalogie poétique dadaïste, s’accordant à la fameuse petite phrase de Tristan Tzara. Mais les temps ont changé : l’urgence sociale s’est rapprochée, la flèche du temps est prise d’involution et, entre temps, le rêve des avant-gardes d’un homme-machine s’est transformé en sa réalisation dystopique – cybercontrôle, terraformation, extractivisme planétaire.
Alors, la poésie, en même temps que la critique, se fera dans la gueule ferrailleuse de la machine. Par le vrombissement de ses engrenages et les images holographiques tout autant que la scansion d’un texte s’élevant de ses entrailles. Ce n’est pas pour autant une mise en réseau : ici, pas d’échappatoire possible, ni dans l’ubiquité du “cloud”, pas plus que dans l’atemporalité du présent perpétuel. Le digital s’ancre, se rematérialise, compose avec la donne abrasive des spécificités d’un site, composé au passé, présent et futur.
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