Percer le ciel, les jardins ont une fuite » est une installation vidéo d’@abel_techer dans l’ancienne usine sucrière de Pierrefonds, à Saint Pierre au sud de la Réunion. Elle se présente sous la forme d’une machine au centre d’une salle, faisant face à un écran où défilent des syllabes et mots entrecoupés, reprenant les paroles de Charles Aznavour «Emmenez-moi».

La chanson « Emmenez-moi » parle d’un « ailleurs » : elle met en avant les mécanismes à l’œuvre dans l’exotisme : le fantasme des paysages lointains, des paradis perdus, la promesse d’une vie meilleure sous le soleil, en tout cas, d’une vie moins âpre. Elle s’inscrit dans la lignée des romans exotiques, des peintures de Gauguin, des robinsonnades, et incarne les idéaux d’un public occidental.

Au centre du dispositif, la machine centrale prend la forme d’une machine sexuelle, émettant des mouvements de va et vient au rythme des paroles de la chanson d’Aznavour, qui défilent sur l’écran au rythme de la musique. Aucune parole ou mélodie ne sont toutefois audibles, contrairement au bruissement des frottements mécaniques de la machine.

Les films projetés sur les murs de la salle reprennent les codes panoramiques traditionnels, souvent présents dans les maisons coloniales. A l’époque coloniale et esclavagiste, l’usine sucrière est au cœur de la vie industrielle et économique des îles françaises. Lieu de production des richesses, elle organise l’espace et contraint les corps de ceux qui y travaillent.